L'intelligence artificielle (IA) représente une révolution technologique avec un potentiel immense pour transformer divers aspects de la société et de l'économie. Elle peut stimuler la croissance économique, améliorer la productivité et offrir des solutions innovantes dans des domaines tels que la santé, l'éducation, l'agriculture, et bien d'autres. Par exemple, l'IA peut aider à prédire les récoltes agricoles, optimiser les soins de santé par des diagnostics plus précis, et personnaliser l'éducation pour répondre aux besoins individuels des étudiants.
De nombreux pays africains reconnaissent le potentiel transformateur de l'IA et cherchent à le développer dans leurs communautés technologiques émergentes. Des initiatives sont régulièrement lancées pour renforcer les capacités locales, élargir l'accès aux ressources de l'IA et promouvoir la collaboration entre les acteurs du secteur public et du secteur privé.
A propos du “Global Index on Responsible AI”
Le "Global Index on Responsible AI" est un indice publié par le “Global Center on AI Governance” qui fixe des repères pertinents au niveau mondial pour l'IA responsable et les évalue dans les pays du monde entier. Il mesure 19 thématiques de l'IA responsable, regroupées en trois dimensions: Droits de l'Homme et IA, Gouvernance responsable de l'IA, et Capacités d'IA responsable. Chaque thématique évalue la performance de trois piliers de l'écosystème de l'IA responsable : les cadres gouvernementaux, les actions gouvernementales et les initiatives des acteurs non étatiques.
L’édition 2024 du rapport (https://global-index.ai/) qui est la première, couvre 138 pays de toutes les régions du monde: Europe, Amérique du Nord, Asie et Océanie, Moyen-Orient, Amérique du Sud et du Centre, Afrique, et Caraïbes. La méthodologie du rapport repose sur des données collectées par des chercheurs nationaux via une enquête contenant 1862 questions, menée entre novembre 2021 et novembre 2023. Les scores sont dérivés des données primaires et ajustés avec des coefficients basés sur des données secondaires, permettant une évaluation comparative des efforts des pays en matière d'IA responsable.
Aperçu du classement au niveau mondial
Au niveau mondial, les trois premiers pays du classement sont les Pays-Bas, l'Allemagne et l'Irlande. Ces pays ont obtenu les meilleures notes dans les trois piliers évalués : les cadres gouvernementaux, les actions gouvernementales et les initiatives des acteurs non étatiques. Leur succès est attribué à des politiques robustes, des actions concrètes et une forte participation des acteurs de la société civile dans le développement et la mise en œuvre de l'IA responsable.
Aperçu du classement en Afrique de l’Ouest
En Afrique de l'Ouest, 13 des 15 pays de la CEDEAO sont mentionnés dans le rapport. Le Bénin est le mieux classé, à la 53ème place mondiale. Viennent ensuite le Sénégal 56ème, le Nigéria 80ème, le Ghana 86ème et le Niger 90ème. Le Bénin s'est distingué comme l'un des leaders en Afrique dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA) responsable. Il arrive en tête des pays d'Afrique de l'Ouest et troisième sur le continent africain, derrière l'Afrique du Sud et le Maroc. Cette position révèle les progrès cruciaux réalisés en matière de gouvernance de l'IA.
En janvier 2023, le Bénin s'est doté d'une Stratégie Nationale de l'Intelligence Artificielle et des Mégadonnées, ainsi que d'un code du numérique. Depuis 2016, d'importants chantiers numériques ont été entrepris par le gouvernement, comme un datacenter, l'interopérabilité, l'e-administration, les e-services et l'open data. Le pays dispose également d'un cadre institutionnel composé du Ministère du Numérique et de la Digitalisation, de l'Agence des Systèmes d'Information et du Numérique, de l'Autorité de Protection des Données Personnelles et de l'Agence de développement de Sèmè City, un centre d'innovation technologique de pointe. Les efforts incluent aussi des programmes de développement des compétences pour les secteurs public et privé.
Une étude menée par ACED et IPAR en 2023 a révélé que les structures locales reconnaissent l'importance des cadres politiques et juridiques adaptés à l'IA et soutiennent la conception de politiques couvrant la science, la technologie, l'éducation et la culture pour le développement durable. Il existe également un fort consensus sur la nécessité de collaborer avec les gouvernements, le secteur privé, les universités et la société civile pour élaborer des directives politiques et évaluer les risques des applications d'IA.
Recommandations générales du rapport "Global Index on Responsible AI" pour
promouvoir une IA responsable en Afrique de l’Ouest
En Afrique de l'Ouest, malgré des avancées notables dans le développement de l'IA, de nombreux défis subsistent, notamment en termes de cadre réglementaire, de protection des données et de développement des compétences. Les pays de la région, bien que prometteurs, doivent encore renforcer leurs infrastructures et promouvoir une gouvernance responsable de l'IA pour pleinement exploiter son potentiel tout en minimisant les risques associés. Pour améliorer leur position dans le classement et maximiser les bénéfices de l'IA, le rapport "Global Index on Responsible AI" recommande plusieurs actions clés pour les pays de la région (ayant un score de 0 – 25):
• Prioriser l'adoption ou la mise à jour des lois sur la protection des données et la
vie privée : La protection des données personnelles est cruciale pour gagner la confiance des citoyens et assurer un développement éthique de l'IA. Les pays doivent mettre en place des cadres législatifs robustes pour garantir que les données sont collectées, stockées et utilisées de manière responsable.
• Assurer l'adoption des évaluations d'impact de l'IA : Les gouvernements doivent intégrer des évaluations d'impact dans leurs stratégies d'IA pour identifier et atténuer les risques potentiels avant le déploiement des technologies. Cela inclut l'analyse des impacts sur les droits de l'homme, l'équité et l'inclusion.
• Développer des programmes pour les compétences du secteur public en matière
d'IA responsable : Il est essentiel de renforcer les capacités du secteur public en matière d'IA pour garantir une mise en œuvre efficace et éthique des technologies. Des programmes de formation et de développement des compétences doivent être créés pour les fonctionnaires et les responsables politiques.
• Encourager les activités des acteurs non étatiques en matière d'IA responsable :
Les organisations de la société civile, les universités et le secteur privé jouent un rôle crucial dans la promotion d'une IA responsable. Les gouvernements doivent soutenir et collaborer avec ces acteurs pour développer des initiatives innovantes et inclusives.
• Développer des normes pour les marchés publics responsables de l'IA : La mise
en place de standards pour l'achat et l'utilisation de technologies d'IA dans le secteur public peut aider à assurer que ces technologies respectent les principes éthiques et de transparence. Cela inclut des directives claires pour les appels d'offres et les contrats publics.
En suivant ces recommandations, les pays d'Afrique de l'Ouest peuvent non seulement améliorer leur classement dans les indices mondiaux mais aussi créer un environnement favorable à un développement durable et inclusif de l'IA.
Besoin de zoomer sur l'application des cadres politiques dans certains secteurs
stratégiques
En égard aux recommandations du "Global Index on Responsible AI", il est primordial d'avoir un regard particulier sur l'application des cadres politiques dans certains secteurs stratégiques. L'agriculture, en tant que pilier économique et social en Afrique de l'Ouest, constitue un domaine où l'IA peut avoir un impact transformateur.
ACED développe des activités pour améliorer les cadres politiques pour l'intelligence artificielle dans l'agriculture en Afrique de l'Ouest, avec pour objectif d'améliorer l'infrastructure politique pour la mise en œuvre efficace de l'IA dans le secteur agricole. Cette démarche s'inscrit dans les recommandations du "Global Index on Responsible AI", soulignant l'importance d'un cadre politique robuste et de la collaboration entre les acteurs étatiques et non-étatiques.
En améliorant l'infrastructure politique pour l'IA, nous aspirons à créer un environnement propice à l'innovation technologique dans le secteur agricole, contribuant ainsi à une augmentation de la productivité, une meilleure sécurité alimentaire et une amélioration des moyens de subsistance des agriculteurs.
De plus, ACED travaillera aussi sur les interconnexions entre l'IA et l'éducation, en explorant comment le système éducatif doit être repensé pour intégrer les technologies de l'IA. Nous croyons que l'IA peut transformer l'éducation en offrant des méthodes d'apprentissage personnalisées et en préparant les jeunes générations aux défis technologiques de demain.