Le projet \u00ab adaptation de zones c\u00f4ti\u00e8res aux changements et \u00e0 la variabilit\u00e9 climatiques \u2013 \u00e9change des exp\u00e9riences canadiennes et africaines \u00bb conduit par l\u2019UQAM en partenariat avec ACED a permis d’\u00e9tudier la vuln\u00e9rabilit\u00e9 et les efforts d\u2019adaptation aux changements et \u00e0 la variabilit\u00e9 climatiques de neuf communaut\u00e9s c\u00f4ti\u00e8res du sud-ouest B\u00e9nin et du delta du Saloum au S\u00e9n\u00e9gal.<\/p>\n
En effet, au B\u00e9nin, la vuln\u00e9rabilit\u00e9 des communaut\u00e9s varie en fonction de l’exposition, mais aussi fortement selon la constitution socio-\u00e9conomique du territoire. Par exemple, pour les activit\u00e9s de p\u00eache, la commune de Grand- Popo est plus vuln\u00e9rable a\u0300 la variabilit\u00e9 et aux changements climatiques que celle de Ouidah, du point de vue de son niveau d\u2019exposition, de sa sensibilit\u00e9 et de sa capacit\u00e9 d\u2019adaptation. Ainsi, par exemple, 58,8% des m\u00e9nages ont rapport\u00e9\u0301 les variations de pluviom\u00e9trie et les vents violents comme risques climatiques majeurs.<\/p>\n
Les effets de l’avanc\u00e9e de la mer sont tr\u00e8s perceptibles dans les deux localit\u00e9s surtout dans la commune de Grand-Popo ou\u0300 des villages entiers ont d\u00e9j\u00e0 disparu et plusieurs populations ont du\u0302 se reloger. La sensibilit\u00e9 de Grand-Popo est plus forte car une proportion plus importante des m\u00e9nages d\u00e9pend de la p\u00eache qu\u2019\u00e0 Ouidah. D\u2019un autre c\u00f4t\u00e9, le niveau d\u2019instruction qui est un indicateur de la capacit\u00e9 d\u2019adaptation est beaucoup plus faible a\u0300 Ouidah qu\u2019a\u0300 Grand-Popo.<\/p>\n
Toutefois, les m\u00e9nages de p\u00eacheurs qui subissent une forte exposition, donc subissent plus de chocs climatiques, ont une probabilit\u00e9 \u00e9lev\u00e9e d\u2019\u00eatre les plus vuln\u00e9rables, c\u2019est le cas pour la commune de Grand-Popo. Au plan pratique, l\u2019\u00e9tude a montr\u00e9\u0301 la n\u00e9cessit\u00e9 de soutenir les communaut\u00e9s de p\u00eacheurs pour une diversification de leurs moyens d\u2019existence, en vue de r\u00e9duire leur vuln\u00e9rabilit\u00e9 a\u0300 la variabilit\u00e9 et aux changements climatiques.<\/p>\n
Dans le Delta du Saloum au S\u00e9n\u00e9gal, les m\u00e9nages doivent s\u2019adonner \u00e0 de nombreuses activit\u00e9s (agriculture, artisanat, commerce ou autres) en plus de la p\u00eache, car cette derni\u00e8re ne permet pas (ou plus) d\u2019assurer un revenu suffisant. Cette incapacit\u00e9 des m\u00e9nages \u00e0 subvenir \u00e0 leurs besoins s\u2019explique en partie par les impacts de la variabilit\u00e9 climatique des derni\u00e8res ann\u00e9es.<\/p>\n
De nos 73 r\u00e9pondants, 65 consid\u00e8rent que les changements climatiques ont une influence sur leurs activit\u00e9s g\u00e9n\u00e9ratrices de revenu ou de moyens de subsistance. La quasi-totalit\u00e9 des r\u00e9pondants a d\u00e9termin\u00e9 que les changements climatiques auraient fait \u00e9voluer la production \u00e0 la baisse au cours des derni\u00e8res ann\u00e9es. Ils ont aussi r\u00e9pondu en grande majorit\u00e9 que les infrastructures et\/ou les \u00e9quipements de p\u00eache sont affect\u00e9s par les risques climatiques, dont entre autres un cas de naufrage, une perte d\u2019un filet, l\u2019effondrement d\u2019un b\u00e2timent, la perte de pirogues et l\u2019usure plus rapide du mat\u00e9riel.<\/p>\n
En plus de tous ces \u00e9l\u00e9ments, la salinisation des terres est aussi une cons\u00e9quence du changement climatique qui a des cons\u00e9quences tr\u00e8s n\u00e9fastes sur le d\u00e9veloppement des cultures agricoles. Les modifications de l’environnement et du climat sont donc tr\u00e8s bien connues de la population, m\u00eame si le lien avec les changements climatiques plan\u00e9taires n’est pas encore tr\u00e8s bien compris. En r\u00e9ponse \u00e0 ces modifications de leur environnement, diverses strat\u00e9gies d\u2019adaptation ont \u00e9t\u00e9 adopt\u00e9es par les communaut\u00e9s du Delta du Saloum au S\u00e9n\u00e9gal, par exemple :<\/p>\n
En faisant une analyse comparative, l\u2019on se rend compte que les communaut\u00e9s au S\u00e9n\u00e9gal et au B\u00e9nin subissent beaucoup d’impacts semblables. Ainsi, dans les deux r\u00e9gions, des communaut\u00e9s enti\u00e8res ont d\u00e9j\u00e0 d\u00fb \u00eatre abandonn\u00e9es \u00e0 cause de l’avanc\u00e9e de la mer. L’\u00e9rosion, les inondations, la salinisation des sols, mais aussi la surp\u00eache, sont observ\u00e9es dans les deux r\u00e9gions. Les analyses de l’indice de vuln\u00e9rabilit\u00e9 r\u00e9v\u00e8lent que l’exposition, la sensibilit\u00e9 et la capacit\u00e9 d’adaptation contribuent tous \u00e0 la vuln\u00e9rabilit\u00e9.<\/p>\n
En particulier, la d\u00e9pendance \u00e0 la p\u00eache comme activit\u00e9 principale et parfois unique source de revenus, la faible capacit\u00e9 financi\u00e8re et un faible niveau d’\u00e9ducation ressortent comme des facteurs importants dans la plupart des communaut\u00e9s \u00e9tudi\u00e9es au sud-B\u00e9nin et dans le delta du Saloum. L’adaptation repose souvent sur l’action d’associations ou d’ONG locales et r\u00e9gionales.<\/p>\n
En comparant les \u00e9tudes de cas d’Afrique de l’Ouest et les \u00e9tudes de cas canadiennes (en particulier le littoral Acadien au Nouveau-Brunswick), on peut observer plusieurs parall\u00e8les. Ainsi, l’exposition aux impacts des changements climatiques est semblable, d’autant plus que les trois littoraux se caract\u00e9risent par un faible d\u00e9nivel\u00e9 et un substrat g\u00e9n\u00e9ralement meuble. Les observations d’\u00e9rosion et d’inondations plus fr\u00e9quentes se font donc des deux c\u00f4t\u00e9s de l’Atlantique.<\/p>\n
Un point commun est aussi la pr\u00e9valence de l’adaptation r\u00e9active sur l’adaptation planifi\u00e9e. La protection, \u00e0 l’aide d’enrochements, de murs, cl\u00f4tures, amas de coquillages, etc., est souvent le r\u00e9flexe principal d’adaptation, m\u00eame si les r\u00e9sidents, aussi bien du Canada que du S\u00e9n\u00e9gal et du B\u00e9nin, sont bien conscients des limites de cette approche et de ses impacts n\u00e9gatifs.<\/p>\n
La planification de l’adaptation \u00e0 travers une action concert\u00e9e des acteurs est rendue difficile par plusieurs facteurs, dont un d\u00e9sengagement des paliers de gouvernement sup\u00e9rieurs (souvent mentionn\u00e9 dans les entrevues autant au Nouveau-Brunswick qu’au S\u00e9n\u00e9gal ou au B\u00e9nin), un manque de moyens financiers (dans une moindre mesure au Canada, mais les fonds y sont souvent disponibles sur une base discontinue dans une approche par projet), un manque de connaissance et d’expertise.<\/p>\n
Le r\u00f4le des consultants, chercheurs et autres experts externes est jug\u00e9 de mani\u00e8re \u00e9quivoque. Bien qu’essentiels pour les communaut\u00e9s, il est aussi souvent d\u00e9plor\u00e9 que les experts poursuivent leurs propres agendas qui ne co\u00efncident pas forc\u00e9ment avec un engagement soutenu pour l’adaptation efficace des communaut\u00e9s. Un meilleur niveau d’\u00e9ducation, une plus grande s\u00e9curit\u00e9 financi\u00e8re et une diversification \u00e9conomique plus pouss\u00e9e favorisent cependant les communaut\u00e9s du Nouveau-Brunswick par rapport \u00e0 celles de l’Afrique de l’Ouest.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
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